vendredi 28 mars 2014

Traversée de l'outback part II

« Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, je vous propose d'essayer la routine, elle est mortelle »  P.Coelho


J'étais là, seul, debout au milieu de cette longue route qui traverse l'Outback australien, et j'étais heureux d'être là enfin je veux dire heureux de ne pas avoir été perdu au fin fond du bush! Il était tôt le matin, mes ressources d'eau étaient très faible (une demi bouteille d'eau), bien trop faible pour l'endroit hostile où je me trouvais.
La chaleur était déjà omniprésente, les mouches me tournaient autour et venaient se poser tour à tour sur mon visage et les parties découvertes de mon corps. J'avais comme l'impression d'être un de ces cadavres de kangourous qu'elles affectionnent afin d'y pondre leurs œufs!
Je suis resté quatre heures sans trouver quelconque véhicule pour me sortir de se « no man's land ». Le désert est très peu fréquenté et les seuls passages étaient ces immenses « road train » qui lancés à vive allure ne pouvaient s'arrêter.
J'avais fait en sorte d'économiser mon eau mais quand la dernière petite goutte vint à finir dans ma gorge sèche, je n'en menais pas large et je me sentais comme abandonné de ce monde. Durant une fraction de seconde, il fut possible d'apercevoir un large sourire sur mon visage, bien évidement c'était plus un sourire de dépit qu'autre chose. Mais je savais au combien il était important de garder le moral puisque après le mauvais temps, le soleil fini toujours par briller!


Effectivement une chose incroyable se passa, alors que je guettais l'arrivée éventuelle de voiture je vis soudain deux silhouettes au loin, elles avançaient sur le bord de la route et se rapprochaient doucement de moi. Au début je croyais à un mirage mais plus elles se rapprochaient et plus je pouvais les distinguer .
Les deux silhouettes étaient maintenant à une dizaine de mètres, il s'agissait d'un couple de backpackers, ils traînaient avec eux une étrange remorque avec tout le nécessaire pour tenir plusieurs jours loin de toute civilisation.


Les marcheurs de l'extrême, c'est ainsi que je les ai surnommé. Si parfois je me trouvais un peu fou de voyager seul en stop à travers l'Australie, il faut croire qu'il y avait plus fou que moi! Mais après tout, chacun trouve son salut et sa part d'existence dans le voyage qu'il décide d'accomplir.
Ils étaient cependant aussi surpris que moi de trouver quelqu'un dans cette région aussi reculée, alors je leur expliqua le pourquoi du comment je m'étais retrouvé ici. Nous avons discuté un moment à l'ombre d'un arbre tout en partageant de grandes goulées d'eau. Le mec était allemand, il marchait depuis Cairns située à environ 3000 km de là et le tout pied nus, il avait trouvé une japonaise sur sa route et depuis ils ne faisaient qu'un. Une chose m’interpella, une odeur nauséabonde se dégageait d'eux, cela me faisait penser à une odeur de remontée de fosse sceptique ou à celle de rats crevés, je ne sais pas trop mais en tout cas ça me prenait la gorge... Ils disaient que marcher dans ces conditions était une merveilleuse épreuve qu'ils offraient à leur corps et leur esprit. Pour être honnête je ne comprenais pas trop ce qui les poussaient dans une telle aventure, je me disais qu'ils avaient du être confronté à une exposition un peu trop prolongée de soleil et que cela avait fini par influer sur leurs cerveaux !
Nous étions là tous les trois à échanger nos expériences quand une voiture qui venait de la direction où je me dirigeais s'arrêta à notre niveau. Deux hommes sortis du 4X4, deux hommes vivant dans le bush car à la vue de leurs habits, chapeaux et santiags, et au son de leur accent il était impossible qu'ils viennent d'ailleurs. Après quelques mots échangés ils nous proposèrent une BIERE !! Et une fraîche qui plus est ! Il n'y avait pas de doute, les vents avaient tourné en ma faveur, et après un long moment de pétole, mes voiles se gonflèrent à nouveau...le moment était venu de continuer ma route ! Après avoir fait mes adieux, je me remis sur la route, pousse tendu et sourire au lèvre.

Quelque chose comme ça  je présume

Quelques secondes d'attente et la première voiture fut la bonne.
Cependant la voiture qui s'arrêta devant moi n'avait rien en commun avec les autres car il y avait une étrange écriture sur la portière, POLICE !
Pour rappel, le stop est interdit en Australie !
La vitre côté passager s'abaissa et le policier âgé d'une trentaine d'année me demanda ma destination, je lui répondis Camooweal, c'était le prochain bled sur ma route de l'ouest.
L'homme ria puis me proposa de monter car c'était sa destination, il s'y rendait pour prendre son service.
C'était la première fois que je montais dans une voiture de police, mes poignets n'étaient pas attachés entre eux donc tout allait bien et je dois bien dire que le flic était super sympa.
Pendant le temps du trajet je lui racontais ma mésaventure chez les fous, lui me répondait que les gens de l'outback était un peu spécial et qu'il fallait se méfier! Merci je m'en étais déjà rendu compte !
Il me déposa à une station d'essence situé à la fin du bled, mes chances de trouver un autre véhicule serait bonne disait il.


Et il avait raison car à peine descendu de sa voiture, je trouva un van de backpackers garé le long de la station. Je vis alors une charmante demoiselle, et à ces premiers mots je me rendis compte qu'elle aussi venait de l'hexagone. J'ai demandé si par hasard elle n'avait pas une petite place pour moi dans son van et sans hésiter une seconde elle me répondis que ce serait un plaisir!
Elle voyageait avec deux amis, une autre nana un peu moins charmante et un mec assez timide, tous français ! Ce n'est pas que cela me réjouissais car j'essayais d'éviter mes compatriotes mais des fois il faut savoir prendre ce que l'on trouve!
Le courant avec eux passa bien et notre première soirée ensemble le long de la route fut un moment relativement sympathique. Il faut dire qu'avec un peu de vin tout devient un peu plus agréable. Ils faisaient route sur Uluru, à 1500 km de là où nous étions et me proposèrent de faire route avec eux si le cœur m'en disait.
Une proposition comme celle ci ne ne refusait pas car l'Ayers Rock était le symbole de l'outback australien et mon passage par ce site fabuleux devenait évident à mes yeux. Toutefois je leur expliqua qu'il ne me restait que 200$ dans mes poches et que je n'étais pas en mesure de partager le fuel. Ils me répondirent que ce n'était pas grave car le simple fait de ma présence apportait déjà quelque chose à leur aventure.


Au final tout s'était magnifiquement goupillé dans cette journée pleine de rebondissement, je continuais d'avancer, et le prochain objectif avait une saveur très particulière puisque je me rendais à Uluru, terre des aborigènes...




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