« Je
crois que le plus beau voyage est de prouver sa liberté »
Voilà
peut être la véritable raison qui m'a amené à faire ce périple !
Une envie de liberté flirtait avec moi depuis quelques temps, et en
me réveillant un de ces matins , j'ai su qu'il était l'heure!
Bonjour
à tous, je sais que cela fait maintenant plusieurs mois que je n'ai
pas écris, mais veuillez bien m'en excuser, car je n'avais plus
d'encre pour ma plume !
Darwin,
nous sommes le 18 décembre, déjà à une semaine de Noël, un
premier Noël loin de ma p'tite famille mais un premier Noël en
short et en tongue avec 50° dans le verre et 35° dans l'air !
Pani problem!
Un peu
de sérieux, il est temps pour moi de reprendre là où on s' était
quitté alors prenez un thé, un café, un pti remontant si
nécessaire (je conseille vivement) mais laissez vous voyager...
J'ai
quitté Charles et Bowen le 14 Août de très bonne heure, avec
uniquement mon sac, mon pouce et un peu d'eau (il est vrai) ! Je
savais que ma route dans l'Outback (the red center) serait longue,
mais je ne m'étais fixé aucune contrainte de temps, et aucun stress
inutile pour me perturber. J'étais ravi d'être seul, libre
d'avancer comme bon me semble et plutôt excité à l'idée de vivre
cette aventure ! Mon plan de route était simple, remonter de
200km au Nord jusqu'à Townsville, ville que je peux qualifier de
porte du désert et ensuite route plein Ouest en direction des terres
arides.
J'avais
prévu un woofing sur la route, situé dans une ferme du coté de
Mont Isa que j'avais trouvé grâce à mon bouquin! J'avais contacté
la nana et il n'y avait aucun soucis en apparence pour que je vienne
passer quelques jours sur leur propriété afin de voir la vie de
fermier in a middle of nowhere !
Après
4h d'attente interminable à la sortie de Townsville, enfin je
trouvais un lift pour attaquer cette ligne droite longue de 1565km
qui mène jusqu'à Tennant creek. J'étais sur la bonne route et
d'ailleurs j'ai pu m'en apercevoir très vite car dès les premiers
kilomètres le paysage se mit à changer, de plus en plus sec et
hostile, les premiers cadavres de kangourous faisant leur apparition
sur le bord de la chaussée.
Vu
l'heure déjà tardive, je devais faire escale à la prochaine ville
afin d'y passer la nuit, je stoppa donc ma première journée à
Charters Towers, petite ville de 8000 habitants située à 135km à
l' ouest de Townsville ! Je venais de parcourir 350km, ce
n'était pas extraordinaire en terme de kilomètres mais j'étais
plutôt satisfait, c'était loin d'être la partie la plus évidente !
La journée m'avait bien usé, la chaleur et l'attente sur les bords
de route y étaient pour quelque chose !
Ma
mission suivante était de me trouver un toit pour la nuit mais bien
sûr quand vous arrivez dans un bled comme Charters Towers il ne faut
pas s'attendre à grand chose !
Aucun
Backpackers, et de toute façon je n'étais pas dans l'optique de me
payer une suite à 50dolls, j'étais plutôt en mode Pékin express
et ça me convenait très bien comme ça !
Mon plan
était assez simple afin de dégoter un lit, mais pas très sûr car
il ne dépendait pas que de moi ! Je comptais sur la sympathie
d'un bon samaritain qui dans un élan de générosité m'aurait
proposé l'hospice! J'ai donc pris mon culot à deux main et à la
première maison qui m'inspirait, j'ai toqué ! Un père de
famille d'une cinquantaine d'année vint à ma rencontre, avec mon
sourire et mon superbe accent, je lui ai expliqué le pourquoi du
comment que j'étais arrivé jusqu'à lui ! Il a du m'apprécier
car il m'a de suite fait entrer chez lui en me payant une bière au
passage !
Après
un jeune coup de fil à sa femme qui était encore au travail, il
m'annonça que je pourrais rester pour la nuit !
J'étais
heureux, tout était d'une grande simplicité mais c'était parfait !
Nous avons partagé plusieurs bières autour d'un bon repas, tout en
échangeant sur nos différentes vies. Encore une fois, être
accueilli avec tant de générosité, fut un moment super agréable.
Après une bonne nuit dans un lit, un bon breakfast, je repris ma
route à 7h du matin.
J'étais
au sommet de ma forme, le genre de forme où tu peux partir à la
conquête du monde, sans que rien ne puisse t'arrêter. J'étais sur
une bonne dynamique côté chance et cela c'est encore démontré ce
matin du 15 Août!
Il était
7h, le levé du soleil à travers la brume qui se dissipait ne
faisait qu'élargir mon sourire et avec un beau sourire il devient
plus facile de prétendre à trouver un lift !
Après
seulement 15 petites minutes de stop, la première voiture qui
s'arrêta fut la bonne, un couple de samoan allant à Mont Isa me
ramassa ! Nous avions 772km à parcourir à travers le désert,
rien que ça et autant vous dire que les 4 voies, ici, ça n'existent
pas!
L'
Outback ! Enfin j'y étais, les kilomètres défilaient au
rythme de cent toutes les heures mais le paysage ne changeait
pas...Les longues lignes droites se succédaient, et toujours et
toujours la même végétation, sec très sec, les dernières pluies
devaient remontées à plusieurs mois, moi qui vient de Saint-Malo je
n'avais évidement jamais connu tel climat ! Le simple fait de
sortir dehors pour pisser ou casser la croûte, remplissait mon corps
d'une chaleur intense, bien-sur ce n'était pas le genre chaleur qui
parcoure notre corps durant l'acte sexuel ! C'était là une
chaleur que je qualifierais d'agressive, forcément 40 ou 50 degrés
plein soleil ça pique !
Après
9h de route nous arrivâmes à Mt-Isa, nous étions en fin de journée
et je me devais de trouver un endroit pour la nuit. Après avoir été
déposé à l'entrée de cette ville minière, et au regard de la
configuration assez chaotique de la disposition des lieux, j'ai
changé mes plans concernant le pékin express ! C'est à dire
que j'aurais dû marcher au moins 5 bornes avant de trouver une
maison ayant la possibilité de m’héberger (et ma balise avait sonné) , et après une journée
complète en voiture, je ne m'en sentais pas la force ! J'avais
quand même parcouru 1022km en deux jours !
Par
chance, j'étais à côté du seul backpacker de la ville ! J'ai
donc opté pour une nuit au calme (bah ouai vous vous en doutez bien,
le backpack de Mt Isa reste le backpack de Mt Isa,) ! En tout
cas ça me faisait bizarre car je n'avais pas mis les pieds dans l'un
d'entre eux depuis Sydney et le début de mon périple australien!
Bref,
après une bonne nuit, un bon café, je me rendis au centre
d'information, là-bas m'attendait … Danielle, la mère de famille
chez qui j'allai passer un court séjour en woofing !
Seconde
expérience de woofing : l'envers du décor, quand le woofing
devient de l'esclavage.
Explications :
Quand
je suis arrivé dans cette gigantesque propriété au milieu de nul
part, situé à 120km ouest de Mt Isa, ma première réaction fut
« Ouah bordel mais qu'est ce que je fous là » !
On m'a
donné 15 minutes pour ranger mes affaires dans mes quartiers, euh
dans mon taudis pardon ! C'était un vieux hangar infesté de
toiles d'araignée, de mouches, de lézards et autres insectes en
tout genre. L'odeur était nauséabonde, il devait y avoir plusieurs
cadavres de backpackers entassés sous le plancher !
J'avais
« une chambre » avec un lit que l'on apercevait
difficilement sous les tonnes de poussières et de sable, et
forcément pas une fenêtre pour aérer !
Dans la
chambre d' à coté logeait un jeune australien qui travaillait
gratuitement, le pauvre garçon avait dû être bercé trop près du
mur étant jeune car il était vraiment, aussi bien physiquement que
mentalement très très attardé et je suis gentil ! Pendant
cinq minutes j'ai rigolé mais rigolé...un rire nerveux bien
entendu, je devais être très impatient de rencontrer le reste de la
famille ! Je fus très rapidement servi, les 15minutes qu'on
m'avait donné était dépassé quand j'ai entendu des cris !!
C'était leur fille de 18ans, elle était venue me chercher en me
hurlant dessus, me disant que je n'étais pas là en vacances et que
je devais me manier le cul !! Ouah !!! Tu imagines !!
Forcément
dans un élan de conscience professionnel, j'ai remise la p'tite à
sa place mais je n'en avais pas fini avec la famille, restait le père
et son fiston.
Bon avec
le père se fut court, il a refusé de me dire bonjour et m'a
complètement ignoré mais avec le fils se fut folklo ! Le gamin
avait 16ans, il faisait presque ma taille et me prenait facilement
trois épaules, une montagne c'est sur !
Il m'a ,
et dès la première minute, parlé comme si j'étais son larbin,
m'insultant à sa chaque phrase ! J'avais toute leur éducation
à faire à ses mômes, et se fût la même qu'avec sa p'tite sœur,
je lui ai dis le doux fond de ma pensée et que s'il continuait je le
filais à manger à ces cochons !
J'aurais
bien évidement pris la tâche de lui raser la tête et de lui
enlever les dents, ce sont les deux seules choses que les porcs ne
digèrent pas !
J'étais
vraiment effaré de voir où j'étais tombé, chez les fous dans une
famille de consanguins qui plus est! Je me serais même cru un
moment dans Sheitan, c'est vous dire !
Bref, je
voulais me barrer ! Je n'étais certainement pas venu en
Australie pour faire ce genre de rencontre ! Bien sur
aujourd'hui j'en rigole mais se fût une sacrée expérience !
J'ai
pensé à partir de nuit mais à pied avec toutes mes affaires (15km
à parcourir avant d'atteindre la Highway) dans la pénombre du bush
et tous les animaux sauvages que j'aurais pu rencontrer, je me suis
dis que cela serait plus judicieux d'attendre le petit matin
pour mettre les voiles!
6h,
petit dej et discussion assez houleuse avec la folle de mère où je
lui expliqué le principe du woofing ainsi que les raisons de mon
départ immédiat. Les 12H passés chez les dingues m'avait amplement
suffi !
Une demi
heure plus tard, bien évidement mon sac était fait, le fils et le
père me donna un lift jusqu'à la highway, là encore je n'étais pas
très rassuré car je ne savais pas trop où ils m’emmenaient vu
que je ne reconnaissais pas le chemin de l'aller ! J'ai même
pensé : « oups c'est la fin » !
Ils
m'ont au final déposé en entier sur le bord de la highway, j'étais
au milieu de nul-part, avec une demi bouteille d'eau mais j'étais
soulagé et heureux!!!